miércoles, 3 de febrero de 2016

Dos poemas de Café Hafa en francés

Mi agradecimiento al poeta y traductor Rémy Durand por su excelente trabajo.




                            Muerte en Venecia
                                                          
Dejar que el tiempo sea esta evasión
en la sala de cine,
esta mezcla de planos y ciudades de agua,
cuando contamos a desconocidos
una verdad desconcertante
después de haber estado frente al mar,
frente a la duda y la desidia,
frente a amantes que observan a través de biombos.

Esta penumbra del cinematógrafo
nos restituye lo dejado atrás:
un estío remoto, la costumbre
de ascender las colinas de gladiolos salvajes
donde te revolvía los cabellos.

Aschenbach come fresas,
el tinte le chorrea por las sienes,
su delirio está hecho de música y efebos.
Busca el último soplo de embriaguez.
Pasa a cámara lenta la Belleza.

v   

Mort à Venise
                                                          
Laisser au temps devenir cette évasion
au cinéma,
ce mélange de cartes et de villes aquatiques
quand nous racontons à des inconnus
une vérité déconcertante
après avoir été face à la mer,
face au doute et à l’apathie, 
face à des amants qui observent à travers des paravents. 

Cette ombre du cinématographe
nous restitue ce que nous avons laissé derrière nous :
un été lointain, l’habitude
de monter sur les collines aux glaïeuls sauvages 
où je te décoiffais.

Aschenbach mange des fraises,
La teinture coule sur ses tempes 
son délire est fait de musique et d’éphèbes.
Il cherche la dernière bouffée d’ivresse.
La beauté passe au ralenti.

                              

Café Mabrouk, Tánger





Elijo la quietud,

aquella metafísica que gira

en torno a las teteras,

donde hay un tiempo líquido, humeante

que transcurre entre juegos de tahúr.



El tiempo medieval de relojes de arena

y de los matemáticos.



El tiempo en que el joyero corta láminas de ámbar

y el comerciante es verbo y oratoria,

entre los cofres y la platería

y gargantillas bereberes.



El tiempo de la muerte

que pasa por el zoco en parihuelas,

del amante que busca manchas de nacimiento

como revelaciones.



El tiempo en que te escondes

y te imagino en una casa antigua

donde entra poca luz

y retumba el bullicio

del sur de la medina.

           

Bajo uno de los arcos,

la imprecación de los mendigos.

Recuerdos de una tarde en Udaipur.



El perfumero mezcla

lilas y bergamota.



v   



Café Mabrouk, Tanger



Je choisis le calme,

métaphysique qui tourne

autour des théières fumantes,

là se trouve un temps liquide

qui s’écoule entre les jeux de tahur.  



Le temps médiéval de sabliers 

et des mathématiciens.



Le temps où le bijoutier découpe des feuilles d’ambre 

où le commerçant est verbe et éloquence,

entre coffres et argenterie

et colliers berbères.



Le temps de la mort

qui passe dans le zouk sur des brancards,

celui de l’amant qui cherche des taches de naissance

comme des révélations.



Le temps où tu te caches

et je te vois dans une ancienne maison

où pénètre peu de lumière

et où retentit le vacarme

du sud de la médina.

           

Sous l’une des arches

l’imprécation des mendiants.

Souvenirs d’une après-midi à Udaipur.



Le parfumeur mélange

lilas et bergamote.







© Verónica Aranda

                                              

                                                           © Traducción: Rémy Durand              

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